Batz. Derrière ces quatre lettres qui claquent comme un drapeau dans le vent, se cache une petite île à la personnalité forte et originale. Des îles, la Bretagne en possède de nombreuses, certaines plus grandes, plus médiatiques, plus touristiques, d’autres plus éloignées du continent, plus sauvages, plus difficiles d’accès.
Batz ne possède aucune de ces caractéristiques. De petite taille, elle est accessible en une dizaine de minutes. Elle a su rester modeste quand d’autres recherchent une notoriété souvent de façade. Elle a su s’ouvrir au tourisme sans ostentation et en gardant son âme. Ce n’est ni une réserve naturelle, ni un jardin public, ni un refuge pour urbains en recherche de solitude et d’originalité. C’est une île. Tout simplement. Sur ses 357 hectares, on découvre une large palette de paysages : des dunes, des zones humides, des cordons de galets, des plages sableuses... et même un jardin exotique. Mais le plus étonnant est d’y trouver des paysages agricoles. Ce sont eux qui façonnent l’essentiel de l’espace, qui impriment une image si particulière à l’île, en créant des horizons ouverts sur la mer, en rythmant les perspectives visuelles de parcelles agricoles emboîtées dans le bâti, en générant des ambiances rurales. À Batz, on croise encore des chevaux au travail. On y entend des tracteurs. On y voit des paysans qui ramassent choux fleurs et pommes de terre.
Batz, c’est aussi un port et des pêcheurs. Une grande partie de son littoral sud est vouée aux activités portuaires et de pêche. C’est là que mouillent la flotte qui assure le lien maritime avec le continent, la quinzaine de bateaux de pêche professionnelle, les canots des Batziens et les bateaux des plaisanciers qui savent profiter de l’aubaine d’une orientation au sud si rare sur la côte nord de la Bretagne.
Batz c’est une île qui a su conserver avec bonheur une vocation maritime et agricole. C’est aussi une destination de choix pour touristes curieux. Mais ici, on ne cherche pas à fabriquer un décor pour excursionnistes pressés. Comme l’île respire au rythme de la mer et de la terre, c’est en se laissant dériver au hasard des sentiers littoraux et des chemins ruraux que le visiteur ira à la rencontre des charmes singuliers de cette île et de ses habitants.
Louis Brigand